Quelque 130 variétés sont, chaque année, passées au crible du réseau de post-inscriptions de l’ITB (Institut technique de la betterave) et des services agronomiques des sucreries. Ces réseaux d’expérimentation permettent de valider et conforter les performances de chacune des variétés vis-à-vis des problématiques sanitaires et/ou contraintes pédoclimatiques. Sur cette base, l’ITB préconise et hiérarchise les bonnes règles de décision. En premier lieu, il faut considérer le contexte sanitaire de la parcelle, sachant que la génétique permet de répondre à l’ensemble des problématiques sanitaires, il s’agira d’affiner son choix en fonction de ses objectifs agronomiques. La stabilité de la performance dans les essais (variété confirmée) est une garantie de bons résultats technico-économiques. Enfin, à productivité équivalente, il est conseillé de choisir la variété la plus riche.
Toutes les variétés présentent désormais une tolérance à la rhizomanie. Dans la plupart des situations, la présence d’un seul gène de résistance sera suffisante. Mais dans les zones à forte pression (FPR), notamment, le sud de l’Ile-de-France, le Centre-Val-de-Loire, l’Alsace et quelques zones en Champagne une variété possédant deux sources de résistance est à privilégier pour maintenir les rendements. À la problématique rhizomanie, il faudra, selon le contexte, associer des tolérances aux nématodes à kystes ou rhizoctone brun. La tolérance signifie que le niveau de productivité est maintenu, malgré la problématique sanitaire.
Autres risques sanitaires à considérer, les maladies foliaires et notamment la cercosporiose. L’objectif est de pouvoir protéger la culture jusqu’à sa récolte. La génétique est aujourd’hui un pilier de la protection en complément des solutions phytosanitaires et/ou de biocontrôle. En situation de récolte tardive, il faut privilégier les variétés tolérantes à très tolérantes. La problématique de la cercosporiose concerne désormais l’ensemble des régions productrices à la faveur d’un climat de plus en plus favorable. Dans les régions Normandie et Hauts-de-France, il faudra prendre aussi en considération la problématique de la rouille et de l’oïdium dans son choix variétal.
La betterave est sensible aux sols battants. Une levée en 2 ou 3 jours doit permettre de contourner ce risque. La sélection variétale tient compte de ce critère. Dans le cahier technique de l’ITB, ce critère est exprimé en degré jour. Plus cet indice est faible, plus rapide sera la levée. Ce critère est aussi la garantie d’éviter les coups de froids et le risque de montée à graine, notamment pour les semis précoces.
Le rendement racine et la richesse en sucre devront aussi intégrer la réflexion. Ces caractéristiques intrinsèques conditionnent la rentabilité économique de la culture. A productivité équivalente, le choix doit privilégier les variétés les plus riches.
Chaque année, le réseau d’essais évalue aussi la stabilité de la performance de chaque variété. Ce critère augure d’une variété qui, en fonction des aléas de la campagne, garantit un certain niveau de performance agronomique.
Choisir sa variété nécessite de se fixer une échelle de critères à considérer en fonction de son contexte pédoclimatique. Il est important de chercher à diversifier les ressources génétiques sur son exploitation, à la fois les origines (différents semenciers) et les caractéristiques intrinsèques afin de pouvoir contrôler un maximum d’aléas, qu’ils soient climatiques ou sanitaires.
Depuis 30 ans, la sélection variétale a permis de répondre à un grand nombre de problématiques. La betterave à sucre est une espèce dont le potentiel génétique peut encore apporter des réponses, notamment vis-à-vis de la jaunisse. Le réseau de post-inscriptions teste des variétés dont le comportement semble satisfaisant dans des situations à risque. Les premières inscriptions devraient arriver pour les campagnes 2026/2027.