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Désherbage betterave : s'adapter aux conditions climatiques

Rédigé par Adama | 28 oct. 2020 16:30:18

Tout est affaire de météo

En 2020, dans des sols limoneux ou limono-argileux, les semis ont majoritairement été effectués entre le 20 et le 28 mars. Les vents assez forts et le temps sec ont rapidement desséché la surface du sol, avec comme conséquence des levées hétérogènes pour les semis les plus tardifs. Le dessèchement rapide des premiers centimètres du sol a pénalisé le désherbage de pré-levée qui n’a pas bien fonctionné. Cette intervention se justifie surtout dans les parcelles concernées par le risque ombellifères. S’il ne pleut pas 10 à 20 mm après son application, l’efficacité de la pré-levée est très limitée voire nulle. L’humidité du sol favorise le bon positionnement du produit dans l’horizon où germent les graines.

 

Les maîtres mots : désherber tôt

 

Le plus important dans la réussite du désherbage de la betterave est le bon positionnement des deux premiers passages. Ils doivent être performants et efficaces. Les doses et les modes d’action des produits sont à adapter à la flore et à la météo. Vues les conditions climatiques de l’année, dès le premier traitement, nous avons préconisé des doses de produits foliaires plus élevées, en respectant les doses d’homologation, pour rendre le programme plus efficace. Selon la formulation du produit, les doses d’huile ont été adaptées : 0.5 à 0.7 l / ha pour des produits à plusieurs voies (PMP + DMP + Etho.) et 0.8 à 1 l/ha pour les produits simples (PMP ou Etho solo). Dans des situations de stress hydrique, les plantes épaississent leur cuticule pour limiter leur évapotranspiration, d’où l’intérêt d’augmenter la dose d’huile pour faciliter la pénétration des produits foliaires.


Parfois, les premiers traitements ont eu lieu dans des parcelles où le développement des betteraves allait de la levée jusqu’au stade 4 feuilles vraies, ce qui ne facilite pas la prise de décision dans le déclenchement d’un traitement. Le désherbage a été correct dans son ensemble. Les adventices ont pu être maîtrisées grâce à des produits foliaires performants et sélectifs à base de Phenmédiphame associé au Desmédiphame, dont c’était la dernière campagne d’utilisation, et à l’Ethofumésate.

 

Au menu : ombellifères, chénopodes et graminées

 

En Brie ainsi qu’en Champagne, une des plus grandes problématiques dans le désherbage des betteraves reste la gestion des ombellifères, notamment celle des ammi-majus. Cette année, elles ont eu une levée échelonnée et plus tardive. A cause de la sécheresse, les produits racinaires à base de Quinmérac, habituellement efficaces sur cette flore, ont eu une baisse significative d’efficacité. Dans ces conditions sèches, le Triflusulfuron-Méthyl avec son spectre très large, appliqué au T2 et T3 est incontournable dans les programmes.
Les chénopodes, les morelles et les amarantes ont également relevé tardivement dans les parcelles où les levées de betteraves étaient hétérogènes. Avec une croissance des betteraves ralentie, la couverture du sol n’est pas intégrale. Dans ces situations, les adventices ont eu tout le loisir de pousser à leur guise ! Généralement, ce qui prend le relais dans le désherbage des betteraves, c’est la couverture du sol. Sans lumière, les adventices ne poussent plus. Mais cette année, c’est l’inverse qui s’est produit !


Les chénopodes sont difficiles à gérer avec un climat sec, les herbicides racinaires fonctionnent mal et les levées tardives ne sont pas faciles à maîtriser. Dans certaines situations, les agriculteurs ont hésité à appliquer un quatrième traitement, ce qui a expliqué en partie un salissement plus tardif des parcelles en chénopodes et morelles. Les conditions climatiques très sèches ont également pénalisé leur contrôle, les chénopodes ont formé très rapidement une cuticule épaisse et ont développé précocement un système racinaire important. Appliqués à partir du stade quatre feuilles vraies des chénopodes, les produits ne sont plus aussi efficaces. C’est pourquoi, les deux premiers passages d’herbicides sont les plus importants pour les contrôler dès le stade plantule.


Les graminées estivales, panics et sétaires principalement, sont présentes régulièrement dans les parcelles. Elles ont la particularité de lever plus tardivement. Leur destruction avec un antigraminées foliaire, positionné entre le T3 et le T4 sur des plantes jeunes est efficace. Quant aux vulpins et ray-grass, la lutte est plus compliquée à cause du développement des résistances. Nous n’avons pas de solution miracle si ce n’est d’incorporer au semis un produit anti germinatif à base de Triallate repris en végétation par un antigraminées foliaire de la famille des DIMs. Cette année, même constat, l’efficacité du Triallate a été fortement atténuée à cause d’un sol sec.


Des techniques alternatives de désherbage existent

 

Le désherbage mécanique a sa place au sein de l’itinéraire technique de la betterave. Le binage doit être positionné entre le troisième et le quatrième passage herbicide, à partir du stade quatre à six feuilles des betteraves. Il permet de gérer les adventices dans l’inter-rang. Avant de biner, il est indispensable de s’assurer d’un délai sans pluie de 48 heures après l’intervention pour limiter le repiquage des mauvaises herbes. Le binage doit être suivi d’une nouvelle application chimique pour apporter une persistance d’action du désherbage vis-à-vis d’éventuelles relevées.


Le désherbage chimique localisé sur le rang est aussi une façon de réduire l’utilisation d’herbicides. Couplé avec du désherbage mécanique, les résultats sont encourageants, le plus difficile est d’avoir de bonnes conditions d’intervention pour le désherbage mécanique.


En agriculture biologique, même si les surfaces restent encore marginales, la houe rotative et la herse étrille sont employées à partir du stade 2 à 4 feuilles. A ce moment du cycle, la betterave est suffisamment robuste pour supporter cette action mécanique. Ces outils peuvent s’avérer efficaces à condition d’être utilisés au bon stade de la betterave et de l’adventice.


Des nouvelles solutions de désherbage prometteuses

Nous assistons depuis plusieurs années à la réduction des molécules proposées sur le marché des herbicides de la betterave.


Avec l’arrêt du Desmédiphame (DMP), produit de contact complémentaire au phenmédiphame PMP, nous devons adapter le programme de désherbage. Belvédère® Duo comprend deux matières actives, le Phenmédiphame (PMP) et l’Ethofumésate. Sa formulation EC (concentré émulsionnable) lui assure une meilleure adjuvantation par rapport aux produits formulés SC (suspension concentrée) proposés sur le marché. Cette spécialité commerciale est fractionnable en quatre passages à 1,25 l / ha et s’intègre bien dans un programme. Selon les produits en association, il est possible d’ajuster sa dose à la baisse pour réduire l’agressivité du mélange.


L’arrêt de la Chloridazone est plus contraignant surtout pour gérer les renouées liseron, les crucifères et les mercuriales.


Heureusement, le PMP reste utilisable pour apporter une efficacité foliaire sur les jeunes adventices (renouée liseron, chénopode, morelle, …) Avec l’Ethofumésate, c’est une garantie d’efficacité des premières interventions sur un bon nombre d’adventices.


En ce qui concerne l’utilisation de robots, les expérimentations sont en cours. Il est encore prématuré d’envisager le désherbage de cette façon. Nous avons encore besoin de recul avant de mettre en place ces innovations sur le terrain.


En conclusion, nous disposons d’un arsenal de solutions qui permet de désherber encore correctement. Je suis plutôt inquiet sur l’évolution du climat. Nous assistons à des successions de périodes très humides puis très sèches qui engendrent des difficultés pour intervenir dans de bonnes conditions.

 

Belvedère® Duo – EC – concentré émulsionnable - Éthofumésate 94 g/L + phenmediphame 97g/L – AMM n°9300335. Respectez les usages autorisés, doses, conditions et restrictions d’emploi mentionnés sur l’étiquette du produit et/ou consultez www.adama.com et/ou www.phytodata.com. Avant toute utilisation, assurez-vous que celle-ci est indispensable. Privilégiez chaque fois que possible les méthodes alternatives et les produits présentant le risque le plus faible pour la santé humaine et animale et pour l’environnement, conformément aux principes de la protection intégrée, consultez http://agriculture.gouv.fr/ecophyto. ®Marque déposée Adama France s.a.s. - RCS N° 349428532. Agrément n° IF01696 : Distribution de produits phytopharmaceutiques à des utilisateurs professionnels. Janvier 2020. Annule et remplace toute version précédente.