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Le désherbage de la betterave, un poste clé

Rédigé par Adama | 9 mai 2019 20:40:36

Le point avec Pierre Guerreau, responsable agronomique de Saint Louis Sucre.

La betterave est très sensible à la concurrence des adventices du semis à la couverture du sol. Assurer un désherbage de qualité durant cette période s’avère primordial pour préserver le rendement. À titre d’exemple, un chénopode au mètre carré peut amputer la production de 2 à 3 tonnes par hectare.

Une connaissance fine de l’historique du salissement de la parcelle permet d’ajuster le programme de lutte au sein de la rotation. En présence d’ombellifères (type éthuse, ammi majus) ou de graminées (ray grass, vulpin) une intervention en prélevée s’impose, pour contrôler ces mauvaises herbes dès leur émergence. Il faut avoir à l’esprit que quand on cible des adventices jeunes, c’est plus efficace et en général, moins coûteux. L’objectif est de pouvoir désherber rapidement après le semis, au maximum dans les 48 h. Le soir même de l’implantation semble l’idéal pour profiter de l’humidité résiduelle du sol. Dans toutes les situations, opter pour un traitement de prélevée c’est jouer la carte de l’assurance, de la souplesse. Selon les conditions climatiques, la durée d’efficacité de cette intervention oscille entre 15 jours et un mois.

 

Quelques règles de base pour réussir son désherbage

  • Un volume d’eau de 120 à 150 l/ha est recommandé pour obtenir un nombre suffisant de gouttelettes au cm2
  • Incorporer les produits lorsque la cuve est remplie au ¾. Commencer par les correcteurs de pH, puis par les produits solides, liquides et enfin, les adjuvants.
  • Réaliser les traitements en bonnes conditions climatiques : hygrométrie supérieure à 70 %, vitesse du vent inférieure à 19 km/h pour limiter les dérives.
  • Traiter de préférence le matin : pour profiter de l’humidité ou de la rosée et d’un moindre ensoleillement, propice à prolonger la durée de vie du produit.
  • En cas de gel matinal, attendre que les températures redeviennent positives
  • Bien lire les étiquettes pour prendre connaissance des informations relatives à la réglementation et à d’éventuelles restrictions d’usage (ZNT, DAR...).

Le désherbage de pré-levée risque de se trouver perturbé avec l’arrêt d’utilisation de la chloridazone après le 31 décembre 2019. Le dossier de cette molécule ne sera pas soutenu pour une réévaluation.

Dans le cas de parcelles indemnes de graminées ou ombellifères, des interventions en post-levée, « à vue », peuvent suffire. Dans cette situation, quelques conseils :

  • Observer ses parcelles avant toute intervention pour identifier la flore présente, quantifier le niveau d’infestation et donc, ajuster les doses
  • Réaliser le premier traitement dès la levée des adventices puis le deuxième traitement, si nécessaire, 6 à 8 jours après.
  • Un traitement se justifie jusqu’à ce que le feuillage des betteraves couvre 70 % du sol.

 

Les industriels aussi apprécient les parcelles propres

Un désherbage réussi limite la nuisibilité directe des adventices sur le rendement final mais pas seulement. En cas de fortes infestations de mauvaises herbes, cette masse végétative peut perturber la récolte : bloquer le déterreur, ralentir l’arrachage, compliquer le lavage, induire des casses ou des pannes d’outils... Autant d’incidents que les industriels cherchent à réduire. Sans oublier qu’une parcelle propre impactera directement la conduite des cultures suivantes au sein de la rotation.