Je suis à la fois agriculteur et entrepreneur. Tous les ans je cultive 50 à 60 ha de betteraves, j’en sème 150 et j’en récolte près d’un millier. Mes 2 activités se complètent bien, le savoir-faire de l’une nourrit l’expérience de l’autre, et ainsi j’essaie de progresser année après année.
A l’origine j’étais salarié au sein d’une ETA que j’ai reprise en 89. Puis je me suis installé sur la ferme de mes parents 5 ans plus tard (70 ha). Ensuite, j’ai eu l’occasion de reprendre des terres de famille et d’agriculteurs qui prenaient leur retraite. En 30 ans j’ai bâti une activité de double actif très organisée. J’ai un salarié et un saisonnier à l’automne, période durant laquelle tout se chevauche, je travaille avec un collègue agriculteur : il réalise mes semis de céréales avec mon salarié pendant que j’arrache les betteraves.
La complémentarité de mes activités me permet d’étendre mon champ d’observation. Je pose des questions, je compare, je me documente et ça donne des idées … Quand je récolte des betteraves je vois que les rendements ne sont pas les mêmes d’une exploitation à l’autre, parfois sur une même commune avec des terres semblables. Je cherche les explications : réduction des intrants ? qualité de la préparation des semis ou du semis lui-même ? en discutant avec les collègues, on peut trouver des explications et partager nos expériences. Même si la recherche de la marge aujourd’hui prime sur celle du rendement, ça vaut le coup de comparer et de partager nos points de vue.
D’ailleurs, pour ma part il y a un sujet nouveau sur lequel je me questionne beaucoup : la protection fongicide. Car avec la suppression de certains fongicides et la réduction du nombre de passages autorisé, on est obligé d’appliquer des gros volumes de cuivre en complément de produits tels que Spyrale. Or, le cuivre présente des inconvénients : il se dépose dans les conduits et les buses, même si on nettoie soigneusement et par ailleurs je me demande s’il ne faut pas craindre à termes les résidus de cuivre dans nos terres ? Comme la cercosporiose est devenue une grosse préoccupation je compte regarder cela de près en 2019 et dans les années qui viennent.