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La génétique, un levier pour relever les défis à venir

Le travail des sélectionneurs a, ces dernières décennies, permis à la filière betterave de faire un bond considérable en termes de productivité. La preuve ?

 · 24 juin 2019 · 

4 min

Laurent Boisroux, directeur de la Business Unit betterave chez STRUBE (Groupe Deleplanque) 

 

« En 70 ans, les rendements ont été multipliés par quatre, rappelle Laurent Boisroux, directeur de la Business Unit betterave chez STRUBE (Groupe Deleplanque). Les raisons sont multiples : meilleure conduite de la culture, développement de solutions de protection des plantes... et aussi une recherche variétale, tournée vers la performance en termes notamment de tolérance aux maladies ou aux parasites ».

Si pour les sélectionneurs, l’enjeu principal reste de proposer aux planteurs des variétés de plus en plus productives, riches en sucre, de nouveaux défis s’imposent à eux.

 

Dix ans pour créer et inscrire une variété

« Au fil des campagnes, la pression des maladies et des parasites évolue, constate Laurent Boisroux. Les zones géographiques touchées s’étendent, les attaques s’intensifient, les solutions chimiques se raréfient et perdent de leur efficacité tandis que les résistances, elles, se multiplient. Dans ce contexte, l’arrivée de variétés tolérantes, ou résistantes, et même multi-tolérantes, est une nécessité à laquelle les semenciers doivent répondre. A titre d’exemple, nos ventes de variétés tolérantes à la cercosporiose sont passées de 2 à 29 % en 2019, et on aurait pu en vendre davantage si nous avions été en mesure de faire face à la demande. Autre illustration de cette tendance : sur les 16 variétés que nous avons déposées au CTPS cette année, 50% sont tolérantes à la cercosporiose, 50% sont tolérantes aux nématodes et 20% sont tolérantes à de fortes pression rhizomanie. »

Mais ne l’oublions pas, le pas de temps de la recherche est long. En moyenne, dix années sont nécessaires pour créer un nouvel hybride et aboutir à son inscription. En parallèle, la durée moyenne de vie d’une variété, une fois sur le marché, dépasse rarement deux ans et demi.

Deux chiffres qui illustrent l’importance de préserver une recherche dynamique. « Un sélectionneur comme STRUBE consacre environ 15 % de son chiffre d’affaires à la recherche et au développement. Mais au-delà des chiffres, ce qui compte c’est de disposer d’une source de génétique originale. Avoir son propre Germplasm c’est disposer d’une source de résistance différente (et donc complémentaire des autres) et dans le contexte actuel, c’est une donnée importante tant pour les chercheurs que pour les planteurs. » Un investissement lourd mais incontournable pour rester dans la course. »


Un marché de plus en plus segmenté

Pour Laurent Boisroux, les défis à relever sont au nombre de trois : climatique, sociétal et économique. « Climatique tout d’abord car les périodes de sécheresse, d’excès d’eau, de canicule, de gel, se multiplient et s’intensifient. Le marché se segmente de plus en plus. Les planteurs attendent des variétés adaptées à chaque problématique locale. Pour cela, nous nous devons de proposer des sources de tolérance différentes pour réussir à contourner l’apparition des résistances ».

Deuxième défi à relever : « répondre aux attentes sociétales. Les consommateurs veulent de moins en moins de produits phytosanitaires, des aliments sains et pas chers. Difficile d’expliquer notre métier de semencier dans un contexte de méfiance. La science intéresse peu ou pas. Cela ne doit pas nous empêcher de poursuive la communication, pour expliquer nos contraintes de sélectionneur, nos atouts ».


À quand la variété super star ?

Dernier défi à relever : celui de la compétitivité. « Une variété doit avant tout rester productive, à un coût accessible pour le planteur, poursuit-il. Et d’ailleurs, pour entrer dans le catalogue français, une variété doit se montrer plus performante que ce qui existe déjà sur le marché. Les agriculteurs attendent une génétique super star, qui combinerait toutes les résistances : cercosporiose, nématode, rhizomanie, jaunisse... Techniquement, cette variété peut se concevoir mais impossible en revanche de préserver, en même temps, un haut rendement. Tout est question d’équilibre ».

Aujourd’hui, pour faire sa place dans les gammes des semenciers, une variété doit également être capable d’optimiser les ressources : en eau, en azote, en énergie solaire... Un sacré challenge pour les génétiques à venir.

Le Groupe Deleplanque en quelques chiffres :
· Semencier présent dans 35 pays
· 250 variétés de betteraves
· 100 des 450 salariés sont dédiés à la recherche
· 3ème semencier betteraves en Europe
· 32 variétés nouvelles inscrites en Europe en 2019

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