En 2020, le froid, le vent puis le manque d’eau ont fortement perturbé l’implantation des betteraves. Résultat : des doubles- levées dans près d’une parcelle sur d’eux avec à la clé, un fort impact sur le rendement.
« Lors de la dernière campagne, tout avait pourtant bien commencé, se souvient William Huet. Les semis de betteraves se sont déroulés dans les temps, autour du 26 mars, dans des conditions plutôt favorables. La suite le fut beaucoup moins ! Au cours des jours qui ont suivi, le froid s’est installé, accompagné d’un vent fort qui a desséché les parcelles en surface. Ce manque d’eau s’est poursuivi pendant près de huit semaines. Dans la plupart des régions, les levées ont été très hétérogènes : les graines ne trouvant pas assez d’humidité pour germer et croître correctement. Le phénomène de doubles-levées a été observé dans plus d’une parcelle sur deux. Et dans 35 % des situations, le phénomène était très marqué avec des écarts, entre les premières et les dernières levées, de près de huit semaines ! Ce fut notamment le cas dans les limons argileux. »
Une telle hétérogénéité impacte bien évidemment le rendement final car les derniers pieds levés ne réussissent jamais à rattraper le retard. « Ce décalage de stades perturbe également toutes les interventions, à commencer par les désherbages, qu’ils soient chimiques ou mécaniques, précise William Huet. Dans ce cas, les agriculteurs positionnent les traitements en fonction d’un stade « moyen » qui génère parfois des problèmes de phytotoxicité sur les betteraves les plus jeunes. Et le plus souvent, l’hétérogénéité de levée vaut également pour les adventices. Difficile dans ce cas d’intervenir à un stade optimal pour cibler le maximum de mauvaises herbes, sauf à passer plusieurs fois ce qui, économiquement, n’est pas rentable. »
Les levées tardives exposent aussi les jeunes plantules à une pression accrue des ravageurs souterrains, taupins et tipules en tête, et aux piqûres de pucerons, vecteurs de jaunisse. « En 2020, certaines parcelles ont ainsi perdu plus de 60 % de leur potentiel en cumulant difficulté de levée et pression ravageurs plus importante, précise William Huet. En betterave, une implantation réussie, c’est déjà 40 % du rendement assuré. » Alors autant mettre toutes les chances de son côté. Et cela commence par une observation fine de ses sols. L’objectif ? « Semer sur un sol ressuyé, mais pas sec ; sur un sol ferme mais pas tassé, résume l’expert. Rien ne vaut un coup de bêche pour vérifier le niveau de ressuyage et l’état des agrégats du sol. Ce geste simple permet ensuite d’adapter sa préparation de sol pour aboutir à une terre fine en surface et faciliter ainsi le contact entre la graine et le sol.»
Le lit de semences doit être plat, régulier mais pas desséché. Le passage d’outils pour rappuyer le sol en surface peut s’avérer utile pour conserver un maximum d’humidité autour des semences et faciliter ainsi la levée. Quant à la profondeur de semis, « viser 2,5 cm, conseille William Huet. L’idéal est de semer si aucune pluie n’est annoncée dans les huit jours à venir. Cette dernière risquerait de former une croute de battance en surface, compliquant la levée des graines. »
L’objectif ? « Semer sur un sol ressuyé, mais pas sec ; sur un sol ferme mais pas tassé, à 2.5 cm de profondeur »