La couverture des sols en hiver peut, encore parfois, être perçue comme une contrainte. Obligatoire certes, cette pratique recèle pourtant de multiples avantages, pas toujours connus.
Bénéfique pour la structure des sols et pour limiter le lessivage de l’azote, elle permet aussi d’augmenter le taux de matière organique, de favoriser la biodiversité et de limiter le salissement au sein de la parcelle. Des atouts dont il serait dommage de ne pas faire profiter la betterave.
La première question à se poser est « quand et comment vais-je détruire mon couvert ? ». L’enjeu pour tout planteur est de réussir le semis de ses betteraves, de bonne heure, dans de bonnes conditions. L’implantation d’un couvert végétal, et plus tard sa destruction, ne doivent donc en aucun cas perturber cette étape. Bien au contraire ! Bien conduit, un couvert facilitera l’implantation de la culture suivante : le sol ayant déjà été travaillé. La betterave n’échappe pas à la règle.
L’objectif est donc de semer le couvert le plus tôt possible, dès la récolte de la céréale, avec le même soin qu’une culture classique. Assurer l’homogénéité du mélange de couverture au moment du semis reste par exemple un gage de réussite de la levée et donc de production de biomasse.
Car l’enjeu est aussi celui-ci : restituer de la matière organique aux cultures suivantes. Si les couverts végétaux permettent de ne laisser aucun sol nu tout l’hiver, leur rôle va bien au-delà du « simple » piégeage de l’azote pour limiter les pertes par lessivage. En restituant une partie de l’azote absorbé, ils réduisent les dépenses en fertilisation azotée dans la culture suivante. La betterave ayant un cycle long, elle est l’une de plantes qui exploite au mieux cet azote minéralisé, à chaque étape de son développement, au fur et à mesure de ses besoins.
Les couverts végétaux luttent efficacement contre la battance, contre l’érosion, explorent le sol en profondeur, aèrent la terre : ils ont un vrai rôle structurant sur le sol. Ces couverts participent aussi au recyclage d’un grand nombre d’éléments minéraux comme le potassium ou le phosphore : autant d’éléments dont profiteront les autres cultures de l’assolement.
Sans compter qu’un couvert bien installé limite la propagation des adventices et donc, le salissement de la parcelle. De par leur diversité, ces espèces attirent également un grand nombre d’espèces animales, propices à accroître la biodiversité au sein d’un territoire. Si certaines actions sont immédiates (comme l’impact sur la battance par exemple), d’autres nécessitent plusieurs années pour être observées. Bichonner son couvert, c’est investir sur du court, mais aussi sur du moyen et long terme.
Quant au choix des espèces, comme dans la nature, la biodiversité est un facteur de stabilité. Le conseil est d’opter pour un mélange de 5 à 7 espèces pour profiter de la complémentarité des atouts de chacune : des légumineuses, capables de fixer l’azote du sol, des crucifères antinématodes, des espèces hautes pour valoriser au mieux le rayonnement solaire, d’autres à l’inverse développant un important système racinaire pour explorer tous les étages du sol, ou encore des variétés plus adaptées à la sécheresse.
Dans une rotation betteravière, l’idée est d’opter pour des espèces non fibreuses comme la phacélie, la féverole, le radis chinois, le pois, le trèfle ou le tournesol. Les crucifères ou l’avoine, plus fibreuses, peuvent également être utilisées mais en plus faible quantité. Dans le cas contraire, les fibres, plus lentes à se décomposer, gêneront l’implantation des betteraves ou nécessiteront une destruction particulière, par broyage par exemple, plus coûteuse.
Le mode de destruction doit tenir compte des outils présents sur la ferme. La destruction par le gel reste l’option la plus simple et la plus économique mais n’est malheureusement pas possible toutes les années dans toutes les régions. Profiter d’une période de gel, même courte, pour rouler la végétation s’avère une solution très efficace pour détruire la végétation encore en place. Mais dans ce cas, l’agriculteur doit accepter de conserver des débris végétaux sur sa parcelle. Avec le retrait programmé du glyphosate, le broyage ou l’utilisation de divers outils mécaniques sont des options à envisager au cas par cas.