L’ergot du seigle, est une maladie fongique provoquée par le champignon Claviceps purpurea qui affecte toutes les graminées dont les espèces les plus sensibles sont le seigle, le triticale et le blé tendre. La forme de conservation de l’ergot est une sclérote : elle permet au champignon de passer l’hiver dans le sol et peut germer dès la fin de l’hiver, lorsque les conditions deviennent favorables.
Au début du printemps, les sclérotes les plus en surface produisent des stromas, de petites tiges qui émergent à la surface du sol et libèrent des spores capables de se disperser dans un rayon d’une vingtaine de mètres. A la faveur d’un coup de vent, ces spores vont ensuite infecter tous les types de graminées en stade floraison aux alentours, qu’il s’agisse de cultures de céréales (comme le blé ou le seigle) ou de graminées adventices.
Sur les épis contaminés, on observe rapidement l’apparition d’un miellat, une substance sucrée. Ce miellat est riche en spores d’ergot et va à son tour contaminer d’autres graminées — qu’elles soient cultivées ou adventices — lorsqu’il est transporté par la pluie ou par les insectes. Peu à peu, de nouveaux sclérotes se forment sur les épis infectés. À la maturité du blé, les sclérotes se décrochent des épis et retombent au sol, sous l’effet du vent ou de la récolte… bouclant ainsi le cycle du champignon, prêt à recommencer l’année suivante.
Particulièrement préoccupant en raison de la toxicité qu’il produit, l’ergot peut ainsi rapidement contaminer les récoltes et nuire à la santé humaine et animale.
L’ergot est un ascomycète qui est capable de produire des sclérotes noirs ou violacés sur les épis des graminées. Ces sclérotes présentent des substances organiques (alcaloïdes) qui sont très toxiques pour les êtres vivants. Les effets sur l’organisme suite à une intoxication sont drastiques, tant pour l’homme (titubation, paralysie, troubles nerveux, hallucinations, gangrènes...) que pour les animaux (avortement, arrêt de lactation ...). C’est elle qui a provoqué le tristement célèbre mal des ardents, ou feu de Saint-Antoine, à l’origine de redoutables épidémies durant le Moyen Âge.
Afin de garantir la santé des consommateurs et du bétail, la règlementation européenne fixe une teneur maximale en alcaloïdes pour les denrées alimentaires. En cas de dépassement de cette limite à la récolte, le lot est déclassé : il ne peut pas être vendu pour l’alimentation et doit être détruit ou réorienté vers d’autres usages non alimentaires, induisant ainsi de lourdes pertes pour l’agriculteur.
Pour en savoir plus sur les dangers de l’ergot :
Après avoir hiverné sous forme de sclérotes dans le sol, ces derniers germent pour libérer des ascospores. Les conidies (spores) disséminées par le vent ou transportés par les insectes, favorisent la prolifération du champignon ce qui induit la formation de nouveaux sclérotes. Certaines graminées présentes dans la parcelle comme le ray-grass et le vulpin peuvent ainsi héberger le champignon (Rôle de relai), et jouent un rôle clé dans la propagation de la maladie.
Un désherbage rigoureux de la parcelle contribue ainsi à diminuer le risque de contamination des céréales en limitant le stock de sclérotes.
La lutte contre l’ergot passe donc par la mise en place de mesures préventives qui reposent sur un contrôle régulier des parcelles, des pratiques culturales adaptées et un désherbage soigné de la parcelle.
Les adventices sont des vecteurs et amplificateurs des contaminations d’ergot. Pour faire face à ces nouveaux défis, les stratégies de désherbage doivent s’appuyer au mieux sur les leviers agronomiques et techniques, tout en intégrant de façon optimale les produits phytosanitaires encore disponibles.
L’ergot est un enjeu de santé publique. La gestion rigoureuse des parcelles est donc un levier essentiel pour lutter contre l’ergot. Pour cela, il est recommandé d’effectuer des rotations de culture, de détruire les repousses et de maîtriser les bordures de champs pour perturber le cycle de développement des adventices, hôte de la maladie.
Certaines variétés ne réagissent pas de la même manière face aux stress abiotiques. Voici quelques mesures préventives :
• Identifier les variétés les plus sensibles à l'ergot et privilégier celles qui présentent une meilleure tolérance.
• Ajuster les dates de semis pour réduire les risques de verse (renversement des tiges), éviter une montaison en jours courts et un allongement excessif des entre-nœuds.
• Effectuer un labour pour enfouir les sclérotes et empêcher leur germination à plus de 10 cm. Le labour doit rester occasionnel pour éviter les remonter en surface.
• Appliquer des techniques de désherbage pour éliminer les adventices qui hébergent les sclérotes.
Un accompagnement technique est recommandé pour adapter les programmes de désherbage aux espèces présentes, au type de sol et aux cultures en place. Il est possible également d’estimer le risque ergot à la récolte grâce à des grilles de diagnostic ARVALIS – Institut du Végétal. L’ensemble de ces méthodes permet ainsi de maîtriser rigoureusement les graminées.
En raison de la règlementation stricte et des normes de qualité, la présence d’ergot suffit à rendre impropre à la vente. Même si un lot est faiblement contaminé, celui-ci peut être refusé par les silos. Le refus d'un lot peut entraîner plusieurs conséquences économiques majeures : déclassement du lot, pertes de revenus et blocage logistique.
Face aux enjeux que représentent l’ergot, Adama s’est mobilisé très tôt pour sensibiliser et accompagner les agriculteurs :
- dès 2019 a par exemple été réalisée une étude auprès de 400 agriculteurs pour évaluer leur perception de l’ergot, identifier leurs difficultés face à cette problématique et souligner le lien entre désherbage et contamination par l’ergot.
- a édité pour accompagner les céréaliers un livre blanc “Ergot et mycotoxines, l’enjeu de la qualité sanitaire des céréales à paille” est téléchargeable sur notre site.
En cas de contamination, il est recommandé d’intervenir le plus tôt possible, en post-récolte. Les techniques de tri et de nettoyage mécanique utilisées nécessitent un bon réglage des équipements (augmenter la ventilation, régler correctement les grilles, adapter la vitesse du batteur, contrôler régulièrement la qualité de battage) pour éliminer un maximum de sclérotes et garantir leur conformité. Même si ces méthodes sont efficaces, elles ne permettent pas d’éliminer tous les sclérotes. Par leurs densités, elles contribuent à la réduction partielle des sclérotes présents
Pour lutter contre l’ergot, il est essentiel d’identifier dans un premier temps, les lots affectés et séparer les grains sains des grains infectés pour éviter toute contamination croisée.
Voici plusieurs techniques de tri et de nettoyage mécanique qui permettent d’éliminer les sclérotes :
• Le nettoyeur-séparateur permet de séparer les grains par taille grâce à des grilles perforées. Les sclérotes, souvent plus gros ou de formes différentes sont éliminées. Cette méthode est efficace à débit réduit et est capable d’éliminer jusqu’à 40% des sclérotes. Pour les éliminer efficacement, il est recommandé d’effectuer plusieurs passages.
• La table densimétrique permet de séparer les grains selon leur densité grâce à un flux d’air combiné et des vibrations. Ainsi, les grains lourds qui correspondent aux grains sains, tombent d’un côté et les grains légers, de l’autre. Cette technique élimine 99% des sclérotes et est beaucoup plus efficace avec un nettoyeur-séparateur.
• Les trieurs optiques, grâce aux caméras haute résolution sont capables d’analyser les images et de reconnaître les grains sains des impuretés (sclérotes) grâce à leur forme, leur teinte et leur texture.
Pour conclure, la lutte contre l’ergot vise à garantir la qualité de la récolte et optimiser le rendement. Il est donc essentiel de s’assurer de travailler avec des semences saines, de diversifier les rotations des cultures, de travailler le sol en conséquence et surtout de maîtriser la gestion des adventices. Ainsi en tant que stratégie préventive, l'ensemble de ces pratiques permet d’éviter les sources de contamination, de préserver le rendement et surtout la qualité.