Le désherbage du blé et de l’orge joue un rôle essentiel pour maîtriser les adventices et garantir un bon rendement des cultures. Face à ces défis, il est nécessaire d’adopter des stratégies efficaces pour concilier la productivité et le respect de la gestion des sols.
Cet article vise à explorer les différentes méthodes de désherbage, leurs avantages et les recommandations pour une gestion optimale des adventices.
Les mauvaises herbes exercent une forte concurrence sur le blé et l’orge en puisant sur les ressources essentielles nécessaire à la croissance du blé et l’orge, telles que l’eau, les nutriments et la lumière. En nombre, elles entraînent une réduction significative du rendement, car elles empêchent le développement optimal du blé et de l’orge, et diminuent la capacité de la plante à produire des grains de qualité. Certaines espèces sont particulièrement destructrices et peuvent rapidement coloniser les parcelles, ce qui peut réduire d’une part, la densité des plants et de l’autre, modifier la flore du sol.
Au-delà de la concurrence entre les adventices et le blé et l’orge, certaines mauvaises herbes acquièrent une tolérance aux herbicides. Cette problématique oblige les agriculteurs à adopter des stratégies de lutte en diversifiant les méthodes de désherbage.
Par ailleurs, l’impact environnemental du désherbage représente un enjeu majeur. L’utilisation répétée des produits phytosanitaires peut altérer la biodiversité des sols et affecter l’écosystème. Il est donc essentiel d’adopter plusieurs approches durables, combinant différentes méthodes de désherbage, des méthodes alternatives et d’effectuer des rotations de culture pour préserver l’environnement et optimiser le rendement.
Les adventices qui sont présentes dans les cultures du blé et de l’orge, sont nombreuses. Les espèces les plus fréquentes sont le ray-grass, le vulpin et les dicotylédones comme le coquelicot, la matricaire et le chardon :
Le ray-grass est une plante herbacée de la famille des poacées très nuisible sur céréales. C’est une adventice à croissance rapide, très concurrentielle des blés et des orges, qui est sujette aux résistances des différents modes d’action HRAC.
Le vulpin est un genre de plante faisant partie de la famille des poacées (graminées) très présent dans les cultures céréalières. Sa capacité à résister aux différents modes d’actions HRAC en fait une espèce difficile à contrôler ce qui nécessite la mise en place de rotations longues et des pratiques agronomiques associées aux produits phytosanitaires.
Les dicotylédones comme le coquelicot de la famille des Papavéracées, sont des plantes à larges feuilles qui peuvent rapidement envahir les parcelles et perturber la croissance du blé et de l’orge. Certaines espèces, en plus de leur concurrence directe, produisent des substances qui peuvent inhiber le développement des cultures.
La matricaire appartenant à la famille des astéracées, est une adventice à croissance rapide, peu sensible à l’alternance des cultures, qui peut coloniser les parcelles. Sa nuisibilité est variable selon les cultures et les densités.
Enfin, on retrouve le chardon, une plante vivace qui est capable de se développer très rapidement. Grâce à ses racines, les pousses végétatives émergent dès que la plante mère affaiblie. Ainsi, pour limiter leur développement, il est recommandé d’adopter plusieurs mesures préventives.
Le cycle de développement des adventices suit plusieurs phases, depuis la germination jusqu’à la floraison. Chaque stade influence la capacité des mauvaises herbes à coloniser les cultures du blé et de l’orge et à compromettre la production. Les périodes critiques d’intervention correspondent aux moments où les adventices sont les plus vulnérables, notamment avant que le blé et l’orge n’atteignent le stade à 3 feuilles soit au début de cycle, lors de la levée.
Entre le stade 1 à 3 feuilles, le blé et l’orge entre dans leur phase de croissance active. Les adventices qui ont germé en même temps que le blé et l’orge sont encore jeunes, mais peuvent déjà exercer une forte compétition.
Au stade tallage, le blé et l’orge produisent de nouvelles tiges, ce qui renforce leur couverture végétale. Les adventices non maîtrisées auparavant, continuent de se développer et deviennent plus résistantes.
Enfin, au stade de la floraison lorsque le blé et l’orge commencent à monter en graine, il est nécessaire de mettre en place des stratégies préventives pour éviter qu’elles n’atteignent leur maturité et n’envahissent durablement la parcelle.
Le désherbage chimique est nécessaire pour maîtriser les adventices, mais son efficacité dépend d'une utilisation raisonnée et ajustée en fonction des besoins de l’agriculteur. Pour cela, il est primordial de choisir les herbicides adaptés au type de l’espèce à contrôler et de la culture qui repose sur plusieurs critères tels que le spectre d'action de l'herbicide, sa sélectivité vis-à-vis du blé et son impact environnemental.
Ainsi, pour maximiser l'efficacité du traitement, il est essentiel d'intervenir au bon moment :
En phase prélevée, l’application est réalisée avant l'émergence complète du blé et de l’orge. Cette méthode permet de réduire la charge initiale des adventices sans affecter leur développement.
En phase post-levée, le traitement intervient après l'apparition des premières feuilles du blé et de l’orge ce qui permet de cibler les adventices les plus développées. Ce choix s'effectue selon l'état de la culture et le stade de développement des adventices pour assurer une bonne efficacité sans compromettre la vigueur du blé.
Toutefois, l'usage répété d'un herbicide au même groupe HRAC favorise le développement des résistances chez certaines adventices. Pour limiter ce risque, il est recommandé d'associer les modes d’actions des herbicides, et en se référant au groupes HRAC, d'adopter d’autres techniques culturales (désherbage mécanique, par exemple). Cette démarche contribue à préserver l'efficacité des traitements sur le long terme.
Utilisé en tant que méthode alternative et complémentaire du désherbage chimique, le désherbage mécanique est une méthode efficace et durable, qui permet de préserver la qualité du sol et d’éviter la dépendance aux herbicides. Son efficacité dépend du choix des outils, du stade de croissance des adventices et des conditions environnementales.
Les principaux outils de désherbage mécanique sont la herse étrille, la houe rotative et le binage :
La herse étrille permet de déraciner les jeunes adventices et de les ramener à la surface du sol pour qu’elles se décomposent. Il est recommandé de laisser le sol sécher après le désherbage afin que les mottes de terre perdent leur humidité, ce qui évite le risque de réenracinement des adventices. Pour faciliter l’extraction ou l’élimination, il est conseillé de respecter la profondeur du semis.
La houe rotative agit en profondeur grâce à ses disques rotatifs ce qui perturbent la levée des mauvaises herbes. En frappant le sol à grande vitesse, elle soulève les premiers centimètres de terre, mettant en surface les graines d’adventices germées. Son efficacité est particulièrement performante lorsque les adventices sont jeunes et fraîchement germées.
Le binage est capable d'arracher et éliminer les adventices situées entre les rangs des parcelles ce qui permet aux cultures de mieux exploiter les ressources du sol. Ainsi, cela évite la concurrence des mauvaises herbes. Pour cela, le sol doit être plat, compacté et suffisamment drainé.
Cette technique a aussi l’avantage de pouvoir combiner les méthodes mécaniques et chimiques, optimisant ainsi l’efficacité du désherbage.
Une gestion efficace des adventices repose sur la combinaison de plusieurs techniques :
La rotation et la diversification des cultures jouent un rôle important dans la régulation des adventices. Cela favorise une répartition optimale de la surface du sol et limitent la prolifération des mauvaises herbes.
En tenant compte des conditions climatiques et du cycle des adventices, l’optimisation de la densité et de la date de semis permettent aux cultures de mieux couvrir le sol. Un semis réalisé au bon moment favorise une implantation optimale des cultures.
Enfin, l’association du désherbage mécanique et l’application raisonnée des herbicides permettent de diminuer les risques de résistances. Ainsi, les techniques utilisées pour le désherbage mécanique, permettent de réduire la pression des adventices tout en renforçant l’efficacité des produits phytosanitaires.
L’efficacité du désherbage chimique ou mécanique dépend de plusieurs paramètres tels que la période et le stade d’intervention, la gestion du sol, les conditions environnementales et les techniques utilisées.
Pour cela, il est important de respecter certaines bonnes pratiques :
L’adoption de ces différentes pratiques permettent de préserver la biodiversité et la fertilité des sols. Ainsi, en privilégiant des méthodes naturelles comme le désherbage mécanique, l’optimisation des intrants permet de réduire la dépendance aux produits phytosanitaires et la pollution des sols, d’améliorer la structure du sol et garantir une gestion efficace des cultures. Sur le plan économique, ces méthodes permettent de réduire les coûts liés aux intrants chimiques et minimiser les risques de contamination des cultures.
La gestion du désherbage du blé et de l’orge est essentielle pour maitriser les adventices. Face à la concurrence exercée par les mauvaises herbes sur la culture du blé et de l’orge, il est important d’adopter plusieurs méthodes alternatives pour limiter et contrôler l’émergence et la résistance des adventices. En privilégiant des solutions alternatives aux produits phytosanitaires, nous diminuons l’impact environnemental.