Dans l’affaire du pain maudis survenue à Pont Saint Esprit au début des années 50, l’explication la plus communément admise pour justifier les hallucinations, vomissements et morts au sein de la population est la présence d’ergot dans le pétrin. Ce fait divers est d’ailleurs régulièrement repris dans les médias, tant il marquât les esprits, donnant par la même une certaine notoriété à l’ergot des céréales.
Il est vrai que ce champignon a de quoi inquiéter : pas pour sa nuisibilité sur les rendements, mais parce qu’il produit des alcaloïdes toxiques pour l’homme (troubles nerveux, hallucinations, gangrènes…) comme pour les animaux (avortement, arrêt de lactation…). Cela a conduit les pouvoirs publics à réglementer la présence de sclérotes dans les récoltes destinées à l’alimentation humaine ou animale. Des limites régissent aussi la production de semences. Cf tableau ci-dessous. La Commission Européenne recommande aussi la mise en place de plans de surveillance.
Teneurs maximales réglementaires en sclérotes et en alcaloïdes d’ergot dans différentes céréales et produits céréaliers à partir du 1er janvier 2022.
*Somme des 12 alcaloïdes de l'ergot : ergocristine/ergocristinine ; ergotamine/ergotaminine ; ergocryptine/ergocryptinine ; ergométrine/ergométrinine ; ergosine/ergosinine ; ergocornine/ergocorninine.
En 2014/2015, Adama a réalisé une étude en partenariat avec Arvalis-Institut du végétal sur la présence et la perception de l’ergot chez les céréaliers et l’impact des pratiques de désherbage sur ce pathogène. Elle a mis en évidence le fait que 37% des agriculteurs interrogés avaient déjà observé de l’ergot sur leur exploitation les années précédentes. La présence d’ergot dans les parcelles ne constitue pas forcément un danger sanitaire, les opérations de nettoyage effectuées par la filière avant commercialisation pour respecter les seuils réglementaires étant généralement efficaces. Mais cela engendre des pertes économiques du fait du déclassement ou des frais liés aux opérations de tri du grain.
L’ergot des céréales, ou Claviceps purpurea, est un champignon qui parasite exclusivement les graminées qu’il s’agisse de cultures (seigle, blé ou triticale) ou de mauvaises herbes (vulpin, ray-grass…). Les adventices sont donc des vecteurs et amplificateurs des contaminations d’ergot vers d’autres céréales en fleurs. C’est pourquoi la maîtrise du désherbage d’automne est un levier indispensable face à ce pathogène.
Pour déterminer le programme le plus efficace face au pathogène, un protocole innovant a été mis en place par Adama sur une quinzaine d’essais. Des adventices sensibles aux ALS ont été semées sur les parcelles, en situation contaminée en ergot et en situation saine. L’expérience a été reconduite 3 années consécutives. Les résultats sont très probants :
- Les herbicides sont efficaces contre les contaminations d’ergot dans les récoltes, aussi bien en termes de sclérotes que d’alcaloïdes
- Seul le programme automne + sortie d'hiver évite le risque de déclassement et de coût supplémentaire de tri pour la récolte de l'agriculteur.