La plus fréquente des maladies foliaires de la betterave, la cercosporiose, gagne du terrain. Face à l’apparition de résistances et au retrait de certaines molécules, la lutte fongicide se complique. L’association Spyrale + cuivre* reste la base des programmes recommandés par l’ITB. Le point avec Ghislain Malatesta, responsable du département expérimentation et expertises régionales de l’institut.
La cercosporiose de la betterave progresse depuis plusieurs campagnes. Jusque-là cantonnée à la Limagne, à l’Alsace et aux parcelles irriguées au sud de Paris, elle est désormais présente dans la plupart des zones de production. « Pas de doute, le champignon « remonte » dans les régions plus au nord, constate Ghislain Malatesta, de l’ITB. En cause des températures plus douces, et peut-être l’humidité, favorisant le cycle de développement de la maladie. »
Les planteurs installés au nord d’une ligne allant d’Orléans à Reims doivent eux aussi apprendre à repérer et gérer cette maladie. Sur les 420 000 ha de betteraves cultivées en France, l’ITB estime que 150 000 ha sont à surveiller. « Dans la plupart des situations, la cercosporiose reste, dans ces nouvelles zones, contrôlable, avec des pressions relativement faibles », poursuit Ghislain Malatesta. Mais en cas d’attaques précoces et intenses, les pertes peuvent pénaliser le poids racine de 30 % et la richesse en sucre de 1 à 2 points, à cause notamment de la repousse de feuilles. Le travail d’épuration des jus est alors plus compliqué. Autre conseil prodigué par l’ITB : prévenir la dissémination des spores depuis les silos de betteraves en bout de champ. Comment ? En éliminant au maximum les feuilles susceptibles d’être malades et couvrir les silos de deterrage.
Lutter contre la cercosporiose, c’est avant tout opter pour des variétés tolérantes. « Mais cela ne suffit pas toujours, insiste-t-il. Pour ne pas favoriser le développement de ce champignon qui se conserve dans le sol, nous conseillons d’allonger les rotations et de travailler régulièrement le sol pour perturber la reproduction du parasite. En matière de fongicides, tout se joue en curatif. Le programme conseillé par l’ITB est basé sur l’utilisation de Spyrale (100g/l de Difénoconazole + 375 g/l de Fenpropidine), associé à du cuivre. « En T1 et/ou T2, précise Ghislain Malatesta. Cette association donne de très bons résultats. La dose de cuivre est à ajuster en fonction de la pression de la maladie : de 700 à 1000 g. L’an passé, le cuivre avait reçu une dérogation pour pouvoir être utilisé sur betterave car il n’est pas autorisé pour cet usage. Nous espérons qu’il en sera de même cette année. La demande est faite : nous espérons une réponse positive de la DGAL d’ici à la mi-juin ».
Force est de constater que les solutions fongicides sont de moins en moins nombreuses sur le marché et surtout, de moins en moins efficaces. En cause ? L’apparition de résistances aux fongicides. La famille des strobilurines est particulièrement concernée. Mais comme pour toutes les résistances, leur intensité varie selon les zones de production. Pour mieux caractériser l’évolution des souches de cercosporiose résistantes, l’ITB conduit, avec l’Inra et l’Anses, un programme de recherche. L’objectif est de prélever des souches dans les différentes régions, de les analyser dans le laboratoire de l’Anses basé à Lyon pour aboutir à une cartographie des résistances. Les premiers résultats, attendus pour 2020, devraient permettre d’ajuster les programmes de lutte.
- La cercosporiose, due au champignon Cercospora beticola, se caractérise par de petites taches rondes, grisâtres, avec une bordure rougeâtre et des points noirs au centre. Ces taches apparaissent sur la face supérieure des feuilles extérieures du bouquet foliaire. Bien individualisées et lissées en début d'attaque, les taches deviennent confluentes et peuvent, en cas de fortes attaques, provoquer le dessèchement complet des feuilles touchées.
- Les premières tâches sont, en général, visibles dès la mi-juin. La cercosporiose peut parfois être confondue avec la ramulariose ou la bactériose.
- Conditions favorables au développement : température moyenne de 20°C et 80 mm de précipitation pendant la période de végétation.
*en attente d’une dérogation
Spyrale® - EC -100g/L de Difénoconazole + 375g/L de Fenpropidine – AMM n° 9300487 - Danger - H302+H332 : Nocif en cas d’ingestion ou d’inhalation. H304 : Peut être mortel en cas d’ingestion et de pénétration dans les voies respiratoires. H315 : Provoque une irritation cutanée. H319 : Provoque une sévère irritation des yeux. H335 : Peut irriter les voies respiratoires. H373 : Risque présumé d'effets graves pour les organes à la suite d'expositions répétées ou d'une exposition prolongée. Respectez les usages autorisés, doses, conditions et restrictions d’emploi mentionnés sur l’étiquette du produit et/ou consultez www.adama.com et/ou www.phytodata.com. Avant toute utilisation, assurez-vous que celle-ci est indispensable. Privilégiez chaque fois que possible les méthodes alternatives et les produits présentant le risque le plus faible pour la santé humaine et animale et pour l’environnement, conformément aux principes de la protection intégrée, consultez http://agriculture.gouv.fr/ecophyto. ®Marque déposée Adama France s.a.s.- RCS N° 349428532. Agrément n° IF01696 : Distribution de produits phytopharmaceutiques à des utilisateurs professionnels. Mai 2019. Annule et remplace toute version précédente.