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6 questions à l’ITB pour tout savoir sur le PNRI

Depuis deux ans, la filière betterave est au cœur du PNRI, le plan national de recherche et innovation. L’enjeu est de taille : trouver des alternatives aux néonicotinoïdes pour maîtriser les attaques de pucerons, vecteurs de la jaunisse.

Léna Dumont, chargée de démonstration et transfert des nouvelles pratiques agricoles pour le PNRI au sein de l’ITB.

 · 18 mai 2022 · 

4 min

Le PNRI, c’est quoi ?


Mis en place en septembre 2020 pour trois ans, le PNRI ou Plan national de recherche et innovation vise à trouver des alternatives aux néonicotinoïdes, notamment pour lutter contre les pucerons, vecteurs de la jaunisse de la betterave sucrière. Car le temps presse. Interdites depuis 2018, les néonicotinoïdes, utilisées en enrobage de semences, s’avéraient très efficaces pour maîtriser ces ravageurs. Suite aux importants dégâts de la campagne 2020 - jusque 30 % du rendement national impacté - une dérogation a été accordée pour les utiliser de nouveau en 2021 et 2022. Car les insecticides appliqués jusque-là en remplacement ne s’avèrent pas aussi performants. Cette dérogation devrait également être actée, pour la dernière fois, en 2023. Mais ensuite, il faudra faire sans. D’où la dynamique lancée par la filière autour du PNRI.


Qui compose le PNRI ?


Piloté par l’ITB, l’Institut technique de la betterave, et l’INRAE, ce programme de recherche inclut également de nombreux acteurs de la filière : syndicats, semenciers, sucriers, sociétés phytosanitaires... L’INRAE assure la responsabilité scientifique du PNRI et l’ITB, la gestion fonctionnelle. La gouvernance est assurée par un comité de coordination technique et par un comité scientifique et de suivi. Dotée d’une enveloppe de 30 M€ pour la période 2020-2023, dont 7 M€ de financements publics, cette initiative constitue un effort de recherche sans précédent pour coordonner les essais et ainsi, apporter rapidement des solutions opérationnelles aux agriculteurs.


Quelles sont les principales missions du PNRI ?


Ce plan d’action s’est donné plusieurs objectifs : améliorer la compréhension de la situation sanitaire ; identifier les solutions à l’échelle de la culture (variétés résistantes, solutions de biocontrôle, stimulateur de défense naturelle, nouveaux insecticides, itinéraires techniques plus performants...) ; intégrer des informations sur l’environnement paysager des parcelles (cultures attractives ou répulsives, rôle des bandes fleuries...) ; mobiliser les approches modélisation et « big data » pour aboutir à une analyse plus fine des données. Le tout, sans oublier l’aspect économique du modèle. Celui-ci doit évidemment rester rentable pour le producteur de betteraves, et compatible avec les enjeux de durabilité et de contraintes environnementales. L’idée est aussi de tester la compatibilité de plusieurs de ces solutions entre elles, afin d’identifier la combinaison la plus appropriée.


Quel dispositif de recherche est alloué au PNRI ?


À son lancement, le PNRI rassemblait une vingtaine de projets regroupant une trentaine d'acteurs publics et privés. Environ 200 chercheurs, ingénieurs et techniciens sont mobilisés pour ces travaux. Aujourd’hui, le nombre de projets atteint 25. Des expérimentations et des observatoires agronomiques sont menés in situ, chez des agriculteurs, sur près de 600 hectares (dont 15 % en agriculture biologique), répartis dans les différentes régions betteravières françaises. Ces exploitations, regroupées sous le nom de Fermes pilotes expérimentales (FPE) sont au nombre de 50. Leur mission : tester les solutions les plus prometteuses sur de « vraies » parcelles et valider leur intérêt technico-économique à l’échelle de l’exploitation. Ces essais au sein des FPE sont coordonnés par l’ITB, Saint Louis Sucre, Tereos et Cristal Union. Pour raccourcir le pas de temps, et ne pas se limiter à des tests pendant la saison culturale, des screening sous serre sont également menés en parallèle.


Quels sont les projets en cours ?


L’actualité des différents projets est consultable, au fil des mois, sur le site internet dédié. En 2021, les essais se sont concentrés à tester l’efficacité de plusieurs types de bandes fleuries et de plantes compagnes sur les populations de pucerons verts, ainsi que sur le rôle que pourraient jouer des graminées inoculées de champignons aux propriétés insecticides. Parmi les autres expérimentations déjà menées : l’intérêt d’infrastructures agroécologiques ; l’application d’œufs et de larves de chrysopes et des lâchers d’Aphidius ; le test, sous serre et au champ de plus de 30 spécialités de biocontrôle ; des recherches sur la protection croisée des betteraves par l’inoculation de virus peu agressifs. Bien évidemment, les semenciers poursuivent en parallèle leurs efforts de recherche pour identifier de nouvelles sources de tolérance, voire de résistance, qu’ils transfèreront ensuite à leur matériel élite. Les firmes phytosanitaires aussi continuent à tester de nouveaux insecticides.


Et après ?


L’enjeu du PNRI est évidemment d’identifier, dès 2023, des pistes de recherche prometteuses, voire des solutions pour maîtriser les populations de pucerons dans les champs de betteraves. Mais le pas de recherche est souvent long. Nul doute que les projets les plus prometteurs nécessiteront encore quelques campagnes pour asseoir les futurs itinéraires techniques. Une chose est sûre : la dynamique est lancée et la filière toute entière veut se donner les moyens d’aboutir, rapidement, à des résultats concrets.

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