Les cicadelles sont devenues une préoccupation majeure pour les viticulteurs français. Qu’il s’agisse des cicadelles locales comme celles de la flavescence dorée, des espèces invasives comme la cicadelle africaine (Jacobiasca lybica) ou encore des cicadelles blanches, ces insectes provoquent des dégâts considérables. Voici un tour d’horizon des menaces qu’elles posent.
Cette espèce est un vecteur majeur de la flavescence dorée, une maladie grave qui affecte les ceps en modifiant leur port, en décolorant et en enroulant les feuilles. Les dégâts directs causés par les piqûres sont négligeables, mais les dommages indirects liés à la transmission de la maladie peuvent dévaster des vignobles entiers.
Les cicadelles, des insectes qui attaquent la vigne, sont fortement présentes dans toute la France, mais affectent moins la Champagne-Ardenne ainsi que l’Alsace-Lorraine.
Elles sont inféodées aux vignobles et leur cycle de reproduction s’effectue une seule fois par an : il est possible de détecter les cicadelles adultes à partir de la fin du mois de juin, et ce jusqu’au mois de septembre, voir octobre. Leur vol quant à lui prend place vers la fin du mois de juillet et se termine fin Août.
La couleur jaune des feuilles de vigne est très attrayante pour les adultes, ce qui oriente préférentiellement les vols en fonction de l’état des ceps de vigne.
Les dégâts directs provoqués par les piqures d’alimentations des larves et des adultes sont nettement négligeables par rapport aux dégâts indirects. En effet, Scaphoïdeus titanus est le vecteur majeur dans la transmission de la maladie de la Flavescence dorée. Les symptômes résultants de la contamination sont surtout visibles au niveau des ceps : les feuilles se décolorent et s’enroulent sur elles-mêmes. Le port du cep change également et devient de plus en plus tombant.
La lutte contre la flavescence dorée de la vigne et contre la cicadelle vectrice fait l’objet d’arrêtés préfectoraux de lutte obligatoire dans un grand nombre de régions viticoles.
Ces insectes, déjà bien implantés en France, causent des grillures qui se manifestent par un rougissement ou un jaunissement des feuilles. Les attaques perturbent la circulation de la sève, affectant la maturation et la qualité des raisins. Si leur impact est parfois limité à une partie du feuillage, leur présence régulière peut affaiblir les ceps sur le long terme.
Selon les régions de France, la cicadelle développe 2 à 4 générations sur la vigne. Elle passe l’hiver sur des arbres à feuilles persistante comme les conifères. Au printemps, les adultes migrent vers les parcelles de vigne pour pondre dès la fin du mois d’avril sous les nervures des feuilles. Une deuxième génération débute ensuite et dure tout le mois de Juillet avec un chevauchement d’une ou deux générations de plus selon les zones.
A partir du mois de septembre, les adultes migrent vers les refuges hivernaux.
Concernant les attaques, celles-ci commencent à partir du stade fermeture de la grappe : La prise de nourriture des insectes cause la destruction des tubes de sèves. Les dégâts s'observent en bordure de feuilles à la base du cep avec un rougissement sur les cépages rouges et un jaunissement sur les cépages blancs. Du fait d'une forte attaque, l’aoûtement peut en être altéré, et avoir une répercussion sur le remplissage des grains en sucre et la maturation de ceux-ci ce qui engendre une perte de rendement.
Cette espèce, qui présente une seule génération par an, est également une menace importante pour les vignobles. Les adultes apparaissent dès le début du mois de juillet et pondent d’août à septembre, tandis que les larves sont présentes d’avril à septembre.
Les cicadelles blanches s’attaquent à de nombreux végétaux, mais leur impact sur les vignes est particulièrement notable. Elles piquent les baies, ce qui affaiblit les rameaux et les rend cassants. Lors de fortes attaques, elles laissent derrière elles un miellat collant qui recouvre les feuilles et le tronc. Ce miellat favorise le développement de la fumagine, une moisissure noire qui perturbe la photosynthèse et affaiblit la plante.
Originaire du Maghreb, la cicadelle africaine (Jacobiasca lybica) a été détectée pour la première fois en Corse en 2020, avant de se répandre dans les Pyrénées-Orientales en 2023. À l’œil nu, elle est presque impossible à distinguer de Empoasca vitis. Cependant, son impact est bien plus redoutable.
Contrairement à Empoasca vitis, qui limite ses attaques aux feuilles les plus anciennes, Jacobiasca lybica s’attaque à toutes les parties de la vigne, y compris les rameaux et les entrecœurs. Les feuilles sont littéralement carbonisées, rendant impossible la photosynthèse et empêchant les parcelles tardives d’atteindre leur maturité. Aucune variété de cépage ne semble épargnée, qu’il s’agisse de nielluccio, grenache ou syrah.
Après avoir été signalée en Italie dans les années 1960, cette cicadelle s’est progressivement installée dans plusieurs pays méditerranéens avant d’envahir la France. Les experts du programme OVNI (Observatoire des Insectes Nuisibles Endémiques ou Invasifs) alertent sur son potentiel destructeur si des solutions ne sont pas rapidement mises en place.
Les cicadelles, qu’elles soient locales ou invasives, constituent un enjeu critique pour la viticulture française. Leurs dégâts, qu’ils soient directs ou indirects, menacent la qualité des récoltes et l’avenir des vignobles dans les régions touchées. La lutte contre les cicadelles peut être complexe : les insectes auxiliaires de cultures tels que les hyménoptères parasitoïdes, les larves de chrysopes et bien d’autres, peuvent vous aider dans la protection de votre vignoble.
Abonnez-vous pour recevoir les dernières publications de l'équipe ADAMA.