Lutter contre le ray-grass résistant : quelles solutions pour les agriculteurs ?

Pourquoi le ray-grass devient-il résistant aux herbicides ?

Mécanismes de résistance du ray-grass

Le phénomène de résistance est directement lié à la sélection naturelle du ray-grass. L’utilisation intensive et prolongée d’un produit de même mode d’action ou d’une même famille, peut facilement exercer une pression de sélection. Les plantes sensibles sont éliminées, tandis que les individus résistants survivent et se reproduisent. Ainsi, le ray-grass peut développer spontanément des mutations génétiques qui leurs confèrent une tolérance à un ou plusieurs herbicides :

• Une résistance par mutation de cible, qui modifie la molécule de l’herbicide.
• Une résistance par détoxication, qui en développant des enzymes, dégradent la molécule de l’herbicide.

Les pratiques de désherbage qui favorisent la résistance du ray-grass

Par une forte pression de sélection, les résistances s’expliquent par des pratiques culturales peu diversifiées :

•  L’absence de rotation affaiblit et dégrade les sols. En exploitant les mêmes cultures, les nutriments essentiels s’épuisent et affectent la structure du sol. 

•  La répétition de modes actions identiques, Il convient de s’en référer au groupe HRAC des produits; car deux matières actives différentes peuvent faire partie du même groupe.

•  Les doses d’herbicides inadaptées comme le surdosage et le sous-dosage favorisent l’émergence des adventices. En cas de surdosage, cela peut entrainer un effet phytotoxique sur les cultures céréalières réduisant ainsi la concurrence. A l’inverse, cela laisse place à de nouvelles levées.

• Le travail du sol peut avoir des conséquences quant au développement des graminées. Ce travail du sol, doit donc être pris en compte dans les stratégies de désherbage : par exemple, le labour doit être occasionnel pour éviter la remontée des graines.

Ray-grass résistant : que faire quand les herbicides ne suffisent plus ?

Ray-grass résistant : témoignages et cas concrets de résistance

Pour en savoir plus, découvrez les témoignages des agriculteurs et les cas concrets sur la résistance du ray-grass sur le terrain :

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Pourquoi les impasses chimiques se multiplient

La lutte contre le ray-grass repose principalement sur l’utilisation d’herbicides mais leur usage montre aujourd’hui des limites. En raison de la règlementation et des coûts liés à leur développement, il est difficile de développer de nouvelles molécules herbicides. Ainsi l’utilisation répétée des intrants chimiques ou des conditions favorables, les rendent de moins en moins efficace ce qui nécessite des solutions beaucoup plus diversifiées.

Quelles alternatives aux herbicides pour lutter contre le ray-grass ?

Techniques agronomiques préventives

Pour lutter efficacement contre le ray-grass, il est essentiel de combiner plusieurs leviers agronomiques :
•  Le faux semis consiste à préparer une plate-bande de culture sans rien semer. Cette méthode réduit le stock de semences en surface en stimulant la levée du ray-grass avant sa destruction.
•  La rotation des cultures perturbe le développement du ray-grass en interrompant son cycle biologique.
•  La gestion du sol telle que le labour qui consiste à enfouir ou détruire les levées des graines, permet d’éviter une importante levée en surface.
•   Les couvertures végétales favorisent la structure du sol ce qui limitent l’érosion.

L’association des pratiques agronomiques permet d’optimiser le rendement. Chacune d’entre elles présente des avantages spécifiques qui doit être choisie en fonction des conditions locales.

Désherbage mécanique 

Face à la résistance croissante des graminées dont le ray-grass, d’autres méthodes alternatives telles que les méthodes de désherbage mécanique sont nécessaires. Les principaux outils de désherbage mécaniques utilisés sont la herse étrille, la bineuse, la roto-étrille et le déchaumeur à disque et dents.

La herse étrille permet de déraciner les jeunes plantules sur une grande surface. Pour qu’elle soit efficace, il est essentiel de bien préparer le sol. L’avantage de cette technique c’est qu’elle est rapide et à faible puissance énergétique. Cependant, elle est à coût élevée et est moins efficace pour le travail en profondeur.

La bineuse consiste à ameublir le sol pour favoriser la levée des semis sur différents sols et cultures. Cette technique permet de gagner du temps et est efficace sur des stades avancés d’adventices. Cependant, elle est difficile à entretenir et est à coût élevé.

La roto-étrille (roto-étrilleuse) déplace la terre et élimine les jeunes adventices en les arrachant ou par recouvrement. Adapté sur différents types de sols, elle n’a pas d’effet râteau, aère le sol, limite l’évaporation d’eau du sol et a une meilleure efficacité par rapport aux herses étrilles. L’inconvénient c’est qu’elle ne dispose d’une seule rangée de dents et demande plusieurs réglages.

Le déchaumage permet d’enfouir les résidus (chaumes) afin de favoriser la décomposition des substances organiques. Il permet d’améliorer la structure du sol, de détruire les adventices mais son utilisation demande plusieurs passages successifs.

Solutions innovantes

Afin de réduire la dépendance aux herbicides, l’utilisation des solutions naturelles comme les solutions de biocontrôle qui repose sur l’utilisation d’agents naturels, permet de limiter le développement des adventices. Dans le cas du ray-grass, l’introduction d’extraits végétaux permet d’inhiber la levée des adventices.

En parallèle, les outils d’aide à la décision permettent aux agriculteurs de mieux maîtriser leurs interventions. Ces systèmes s’appuient sur des modèles agronomiques et des données parcellaires pour fournir des analyses précises. Grâce à ces outils, il est possible de prédire les risques, d’optimiser l’application des traitements et d’adapter les pratiques culturales en fonction des conditions climatiques et agronomiques. 

De nos jours, par la recherche en génétique, les scientifiques cherchent à développer de nouvelles variétés pour lutter efficacement contre le ray-grass. Certains robots autonomes équipés de capteurs permettent de connaître l’état des sols, d’estimer l’hétérogénéité d’une parcelle et de détecter les adventices.

Du désherbage au système intégré : gérer durablement le ray-grass résistant

Combiner plusieurs leviers de lutte

Pour maximiser l’efficacité et limiter les résistances du ray-grass, il est essentiel de combiner les leviers agronomiques, mécaniques et chimiques. Pour cela, les agriculteurs doivent s’appuyer sur une stratégie de lutte préventive et curative raisonnée et sur des pratiques culturales diversifiées à l’échelle de l’exploitation.

Comment suivre la résistance au ray-grass sur vos parcelles ?

Afin de suivre la résistance du ray-grass, les agriculteurs peuvent mettre en place un plan de désherbage pour ajuster les interventions et réduire la pression de sélection du ray-grass à long terme.

S’entourer des bons partenaires techniques

Conseillers agricoles, coopératives, essais terrain

Pour maximiser l’efficacité des méthodes utilisées, les partenaires techniques tels que les coopératives ou les négoces permettent d’orienter les choix des agriculteurs et de réduire les marges d’erreurs. Des tests pratiques sont réalisés sur le terrain pour vérifier l’efficacité de certaines méthodes.

Outils d’aide à la décision et suivi des parcelles

Les outils d’aide à la décision permettent aux agriculteurs de planifier leurs traitements, identifier les stades de développement du ray-grass et ajuster leurs interventions en temps réel. Ces solutions technologiques permettent une gestion précise et optimisée des parcelles, contribuant ainsi à une stratégie agricole plus efficace et durable. 

Pour adapter vos stratégies de désherbage aux adventices présentes dans vos parcelles, ADAMA propose son service « Herbidetect » : il permet de tester les résistances présentes à partir d’échantillons de graines de ray-grass et de vulpins prélevés dans vos parcelles, afin d’assurer la propreté des cultures et de préserver l’efficacité des herbicides homologués.

CONCLUSION

Pour maîtriser le ray-grass, il est essentiel de diversifier les cultures, d’identifier les stades de développement de l’adventices, d’alterner les modes d’action des herbicides pour limiter les résistances et d’assurer d’un accompagnement technique. Ainsi, en adoptant ces bonnes pratiques et adaptés à l’échelle de l’exploitation, on peut réduire le risque de résistances.