Nous avons amorcé à l’automne 2022 une réflexion avec Vincent, agriculteur en polyculture dans l’Eure et Loir, pour évaluer les options d’aménagements favorables à la biodiversité, qui pourraient être mises en place sur son exploitation.
Dans cet article, quelques informations sur son expérience de l’implantation de cette bande fleurie.
A l’issu du diagnostic, le choix de Vincent a été de mettre en place, en 2023, une bande fleurie en remplacement d’une bande enherbée spontanée, le long d’un cours d’eau non BCAE.
Son objectif est à la fois de protéger le cours d’eau des risques d’érosion et de ruissellement, avec une zone bien enracinée et dense, et d’attirer les auxiliaires utiles à ses cultures, ainsi que les pollinisateurs.
Les espèces à privilégier dépendent des auxiliaires à attirer et doivent être adaptées à la région ; plus on sélectionnera des espèces régionales, plus les chances de succès seront fortes.
Il faut aussi faire attention à ne pas développer des espèces qui pourraient devenir des adventices concurrentielles pour les cultures ou attirer des ravageurs.
Dans notre cas, pour attirer des coccinelles, carabes, staphylins, syrphes, chrysopes, hyménoptères parasitoïdes et autres auxiliaires efficaces contre les pucerons, cicadelles, méligèthes, altises et charançons dans les cultures de blé, orge et colza, nous avons opté pour des espèces annuelles et pluriannuelles qui fleuriront pendant une période longue et permettront de maintenir en place la bande fleurie pendant plusieurs années. La durée de vie de notre bande fleurie devrait être de 5 ans voire plus selon son entretien.
Une bande fleurie a besoin de bonnes conditions d’implantation : c’est-à-dire un travail du sol fin et sec. La graine doit être en contact direct avec le sol pour poursuivre par une bonne levée de la semence.
Comme en témoigne Vincent, le semis d’une bande fleurie peut représenter quelques défis !
« Dans un premier temps, on a voulu semer la bande fleurie au printemps 2023 mais on s’est rendu compte que les conditions météorologiques ne permettaient pas une bonne implantation notamment le manque d’eau. On a décidé de repousser l’implantation au mois d’août où toutes les conditions étaient réunies pour une bonne levée de la bande fleurie. On a profité des mêmes conditions de levée que le colza. »
« Nous avons effectué après la moisson 2 passages au déchaumeur à disque pour avoir un travail du sol fin pour semer au 16 août avec un semoir de 4m en semis direct. Aujourd’hui la bande a très bien levée et est bien garnie.
Le mélange de semences à un certain coût et les graines sont de très petite taille. Pour moi le semis en ligne a été la meilleure option à la densité de 2grammes/m². Si je souhaite plus tard travailler ce mélange sur des largeurs de semis plus importantes, c’est possible de semer à la volée. Il m’a été conseillé d’incorporer un peu de sable pour bien homogénéiser le mélange. »
« La levée s’est bien déroulée et jusqu’à l’entrée de l’hiver le développement des différentes espèces s’est correctement succédé avec des fleurs presque en permanence. Le froid hivernal a stoppé le développement. »
« A l’heure actuelle, nous n’avons encore rien fait. Mais il est prévu, dans le respect des dates règlementaires, d’effectuer un premier broyage en laissant une partie tout de même pour conserver cette niche de biodiversité. Une fois que la partie broyée auparavant se sera de nouveau développée, nous broierons la seconde partie de la bande fleurie.
Avec ce fonctionnement, on devrait pouvoir avoir une bande à la fois entretenue et qui fleurit pendant une longue période de l’année ».
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